Cet article a été écrit suite au LFDay live du 21 septembre 2021 avec Gildas Guibert, Animateur Production et Réseau technique de Pink Lady Europe et Julien Cayrac, arboriculteur dans le Tarn-et-Garonne, animé par Anaël Bibard Président Co-fondateur de FarmLEAP. Ce live était centré sur le sujet de la digitalisation des relations au sein de la filière Pink Lady Europe.
La digitalisation des relations au sein des filières devient essentielle aujourd’hui pour plusieurs raisons.
- Les filières agricoles présentent aujourd’hui une importante diversification des acteurs qu’elles constituent que ce soit les producteurs, les stations de conditionnement, les points de collecte, les metteurs en marché ou d’autres encore.
- Les enjeux des filières sont multiples, qu’ils soient techniques, économiques ou environnementaux.
- Enfin, de nombreuses filières sont réparties sur plusieurs régions, avec cette distance entre les différents bassins de production, la digitalisation est nécessaire aujourd’hui en termes de communication et de gain de temps.
La digitalisation des relations a plusieurs objectifs pour améliorer les performances des filières. Elle va permettre, dans un premier temps, d’organiser et de fluidifier la transmission d’informations : à la bonne personne, au bon moment, via le bon canal. Mais elle va aussi faciliter le quotidien des parties prenantes en allégeant la charge mentale des producteurs et des acteurs de l’écosystème.
Aujourd’hui, cette digitalisation passe par de nombreux outils. En effet, les interfaces de connexion se sont multipliées.
1. De nombreux groupes d’échanges sont utilisés tels que WhatsApp, Messenger ou autres, cependant ces moyens de communication ne sont pas forcément les plus judicieux pour la gestion des relations au sein d’une filière. En effet, à long terme ces différents groupes d’échanges deviennent compliqués à gérer de part une accumulation de nombreuses informations trop peu organisées et devenant trop abondantes. Tout ceci tend à parasiter la prise de décisions pour les producteurs.
2. Les filières utilisent parfois un intranet spécifique (réseau informatique qui va permettre aux acteurs de cette filière d’échanger des informations et des documents dans un environnement sécurisé, au sein d’un espace dont l’accès est restreint à ce groupe). On observe que l’intranet comporte souvent un manque de données métier saisies par les acteurs de terrain, elles sont souvent insuffisantes. Selon le système intranet propre à une filière, la capacité d’évolution et de maintenance peut être faible, ceci s’ajoute parfois à un manque d’accès facilité aux informations.
3. Les outils métier tels que la cartographie des parcelles de la floraison à la récolte, les capteurs de proxi-détection ou encore l’imagerie satellite vont permettre de connaître l’état sanitaire du verger face à des maladies mais également permettre de donner des indicateurs clairs et précis pour avoir une bonne perception de la production. Ceci permet de ne pas se baser sur l’émotionnel pour faire de la prédiction, par exemple pour les rendements. Cependant certains de ces outils présentent d’une part un faible niveau d’interopérabilité avec les groupes d’échanges, l’intranet de la filière, ou les OAD et parfois d’autres part un faible aspect collaboratif et communautaire, favorisant la comparaison au groupe et les échanges.
4. Les outils d’Aide à la Décision (OAD) développés par exemple par Weenat ou Sencrop par exemple sont d’excellents outils pour la gestion de l’opérationnel au quotidien. Par exemple, les informations peuvent référé au gel en fonction du contexte : variété, stade phénologique, secteur. Ce qui permet de se structurer par exemple pour la lutte contre le gel. Ces informations sont structurantes pour une filière. Par exemple, elles permettent aux stations de préciser leurs stratégies commerciales en fonction de l’impact du gel sur le terrain. Au niveau de la filière nationale, il y a un fort intérêt pour les données liées aux pertes dues au gel pour mettre en place un système d’aide aux producteurs et mieux estimer les récoltes prévisionnelles pour affiner la stratégie de commercialisation.
Voici donc 6 clés qui vont vous permettre de bien mettre en place ou consolider la digitalisation des relations au sein de votre filière :
- 1. Afin d’avoir une meilleure structuration des échanges et donc une meilleure communication, il est important de pouvoir classer les profils des différents acteurs dans les groupes et sous-groupes (surtout quand ils sont nombreux et hétérogènes).
- 2. Pour que le système de transmission d’informations soit efficace et que l’information transmise soit utile aux acteurs concernés, chaque profil doit pouvoir accéder rapidement à des données synthétisées, mises en forme et contextualisées à son échelle.
- 3. Les données métier et les informations qui en sont issues doivent pouvoir être centralisées, structurées, classées et hiérarchisées pour permettre aux acteurs de se comparer et se situer de façon opérationnelle et stratégique. Cela va améliorer la capacité décisionnelle court terme des acteurs et la stratégie long terme de la filière notamment par les analyses en fin de campagne.
- 4. Il est essentiel de garantir de la transparence dans la transmission d’informations, et de respecter la confidentialité des données (anonymisation lors de la comparaison au groupe par exemple). Pour ce faire, il est pertinent de proposer un cadre sécurisé et éthique pour le partage des données afin de préserver les relations entre les acteurs de la filière et maintenir la confiance le long de la chaîne de valeur.
- 5. Le producteur doit pouvoir avoir un juste retour de la saisie de ses données avec le partenaire qui l’accompagne. Ceci est très important afin que le producteur puisse identifier les leviers d’actions pour progresser et s’améliorer, par exemple sur sa productivité.
- 6. Il est plus avantageux, en termes de temps et d’accessibilité, de ne proposer qu’une seule interface de digitalisation des relations. Celle-ci doit être la plus collaborative et interopérable possible, avec une intégration de données métier issues de différents outils. Ceci permet d’éviter d’avoir à saisir 2 fois les mêmes données sur 2 interfaces et de passer d’une application à l’autre.
Pour finir, voici une citation issue du LFDay Live qui mène à réflexion : « La donnée n’a de valeur que dans la sphère où elle est partagée. Il est essentiel de favoriser le progrès et le développement grâce au partage de données. »
La digitalisation est en cours !
Pour plus d’informations :
La rediffusion du LFDay Live sur la digitalisation des relations au sein d’une filièr
ARTICLE PROPOSÉ PAR FARMLEAP