Contexte
Quand on dirige une exploitation agricole, on est vite perdu entre tous les chiffres pour mesurer sa rentabilité et avoir une bonne performance économique. Comme vu dans l’article: “Disparité des résultats des exploitations”, le résultat courant avant impôts par actif non salarié a baissé de 2.4% par rapport à 2018, la crise du Covid 19 n’a pas aidé à soutenir l’économie agricole.
De plus, la réelle connaissance des prix d’équilibre parmi les chefs d’exploitation est encore faible. En effet, 50 à 60% des actifs déclarent ne pas connaître leurs coûts de production ou seuil de rentabilité historique (Source : Terre-net Media). Lorsqu’on échange avec des agriculteurs, on se rend compte que l’analyse économique prospective n’est pas réalisée : on pilote toujours les exploitations au rétroviseur.
Définition:
- Le coût de production comprend toutes les charges (dépenses) liées à la production agricole
- Le coût de revient (ou coût unitaire) correspond à la somme de l’ensemble des charges directes et indirectes, supportées par l’exploitation pour produire, rapportée à la quantité de biens produits.
- Le prix d’équilibre ou seuil de commercialisation, c’est le prix de vente au-dessus duquel l’exploitant atteindra son objectif de rémunération et couvrira tous ses besoins de trésorerie.
Les 5 erreurs à éviter pour ne pas planter son analyse économique :
- Ne pas vouloir se comparer
On connait tous la fameuse expression “ne te compare pas aux autres”, en revanche quand on souhaite optimiser sa performance économique, la comparaison est un bon moyen de comprendre où l’on se situe, et permet également de comprendre quelles sont nos marges de progrès. Il faut donc parfois accepter de partager ses chiffres, bien sûr beaucoup de solutions permettent de se comparer anonymement en groupe.
2. Se cantonner aux 3 méthodes pour l’analyse des coûts de production et de revient
· L’approche historique ventilée : cette méthode permet de répartir ses différents postes de charge en fonction de ses différentes activités. Elle reste difficile à utiliser lorsqu’on n’est pas en mono-activité (par exemple: lait à 100%) et ne permet pas facilement de faire des simulations prospectives.
· L’approche historique et algorithmique : certains outils permettent de ventiler automatiquement sa comptabilité en fonction de ses différentes productions. Cependant à l’usage, on se rend compte qu’il est difficile de conclure avec certitude de la précision de ses chiffres. Le doute empêche les exploitants de bien prendre des décisions.
· L’approche des coûts standards : Cette approche très utile dans le cadre d’une installation ou d’une création d’atelier n’est pas appropriée pour une analyse de la performance économique globale de l’exploitation.
3. Baser son pilotage économique sur des analyses historiques et non prospectives
En effet, il est essentiel de comparer pour son activité agricole, le prévu par rapport au réalisé, mais pas seulement. Faire des simulations est primordial aujourd’hui pour avoir une analyse économique efficace de son exploitation. Les questions essentielles à se poser sont : quel sera l’impact sur mon résultat d’une modification de mon assolement ou d’un nouveau projet d’investissement ? Quelles conséquences mes décisions auront-elles sur mon prix d’équilibre (seuil de commercialisation) ?
4. Ne pas réfléchir les marges par rapport à ce qu’on vend
Le risque est de se perdre dans le détail avec une analyse économique à la parcelle. Il est donc préférable de valider sa rentabilité à la culture commercialisée et par rapport au pilotage de la commercialisation. En effet, on ne vend pas le maïs d’une parcelle séparément de l’ensemble de l’assolement de cette culture.
5. Se tromper d’interlocuteur pour se faire accompagner
Qui est vraiment bien placé pour vous accompagner ? Il est important de trouver les partenaires qui vous feront avancer et avec qui vous pourrez optimiser votre performance économique. Les partenaires de l’agriculteur ont les clés pour un bon suivi : contrairement à ce qu’on pourrait penser, les coopératives et les négoces sont les mieux placés pour réaliser cet accompagnement. En effet, le plus important dans la rentabilité c’est le chiffre d’affaires face aux charges de l’exploitation, cette performance dépend principalement du processus métier qui est maîtrisé par les experts, techniciens et ingénieurs agricoles.
Il existe à ce jour de multiples solutions à mettre en place pour évaluer la performance économique agricole, nous rédigerons bientôt un article sur les 5 solutions pour assurer la performance économique des exploitations, contactez-nous pour plus d’informations.
En savoir plus :
Disparité des résultats des exploitations : vers un pilotage prospectif de la stratégie ?, FarmLEAP
Moins de la moitié des agriculteurs connait son coût de revient, Terre-net Media
ARTICLE PROPOSÉ PAR FARMLEAP